"On n'a pas la thune mais l'espoir, pas le blé mais l'envie"
Le titre (extrait d'une chanson de Saez pour ceux qui croiraient que j'ai une imagination débordante) n'est pas tout à fait exact, puisque nous n'avons, certes, pas de thune, mais par contre le blé est en train de pousser!
Bon, vous l'aurez vite compris, je n'ai pas encore trouvé d'emploi, et je dois dire que celà occupe pas mal de nos discussions/angoisses/inquiétudes/espoirs (je vous laisse barrer les mots qui ne vous plaisent pas) ces derniers temps. Logique. Pour rappel, Kev est actuellement en train de monter son dossier (ce qui n'est pas une mince affaire) pour devenir agriculteur. Son projet de base (toujours valable) est de devenir paysan boulanger. Pas paysan, pas boulanger, non, Monsieur a décidé de faire les deux (pourquoi faire simple...)! Concrètement, ça signifie qu'il va semer son blé, le transformer en farine, et faire son pain pour le vendre. Ca semble simple, mais ça veut dire: hectares = propriétaires sympas et courageux qui seraient OK pour louer un petit bout de leurs terres (notre problématique la plus difficile à résoudre) + four à pain à construire = pierres à importer = beaucoup de sous + moulin pour moudre le grain = encore plus de sous!
En y réfléchissant ces derniers temps, on s'est dit: le pain c'est chouette, mais les animaux c'est mieux, alors pourquoi ne pas faire les deux? En y pensant encore un peu plus (on bosse pas alors on a tout le temps pour réfléchir!), on s'est dit: le pain, c'est une chose, les animaux, une autre...mais le potager dans tout ça?
Du coup, le projet initial a un peu évolué et comporte maintenant trois axes:
- Le pain. Pour le moment, notre voisin a accepté de prêter des terres à Kev, alors il a pu commencer à semer du blé sur trois champs. (Je vous mets une photo prise il y a un moment, il faut que j'en fasse une plus actuelle!) Nous attendons donc que son dossier aboutisse pour qu'il bénéficie d'un financement pour construire tout ça.
- Les animaux. Nous avons emmené nos chères brebis à l'abattoir comme nous avions prévu (c'est triste, mais elles ont eu une belle vie...et on va pouvoir manger de bons gigots!). Il ne nous reste donc les volailles: une trentaine de poules, coqs, poulets, oies et canard. Et nous avons découvert il y a quelques jours un nid de six lapereaux qu'on pense élever. L'objectif sur du long terme serait de construire des batiments pour acheter des brebis, des chèvres et rapatrier les volailles et les lapins. On ferait un roulement en essayant d'en vendre directement aux particuliers, sur les marchés et aux magasins bio.
- Le potager. L'idéal serait de construire une grande serre pour avoir des fruits et légumes tout au long de l'année. Si on a une récolte suffisante, on en vendrait comme les animaux.
Le dernier volet du projet, une fois que tout ça sera mis en place, est un projet qui me tient à coeur. J'y pense depuis un petit moment. Il s'agirait de faire une ferme pédagogique, de travailler des outils autour de la fabrication du pain, des légumes de saison ou des animaux pour faire venir les enfants des écoles voisines. Nous ne ferions pas d'accueil (pas de structure pour ça) mais je trouve que ça peut être plus qu'intéressant.
Le chantier est donc très vaste, et ne se mettera surement pas en place (compte tenu des délais administratifs) avant début 2013. C'est bien notre problème...car pour le moment nous nous trouvons tous les deux dans des schémas qui n'ont apparemment pas été prévus par les organismes sociaux.
Kev a bien informé le pôle emploi de son projet, il est entré en parcours création d'entreprise (bien qu'il ne s'agisse pas d'une entreprise, mais la case "exploitation agricole" n'existe pas au pôle emploi étrangement). Il bénéficie donc du RSA. Malgré ça le pôle emploi continue de lui envoyer des propositions d'emploi pour "la taille des arbres fruitiers" en se disant qu'on ne sait jamais, s'il décide d'abandonner le blé pour les pommiers ça peut toujours servir...hum.
De mon côté, j'ai l'honneur de faire partie de cette grande et magnifique famille qu'est la fonction publique (ce n'était pas une volonté de ma part, mais une opportunité de travail qui me plaisait bien, et il a donc fallu que je passe le concours pour le garder). Pour mon déménagement, j'avais donc deux solutions: démissionner de la fonction publique, perdre le bénéfice de mon concours, et n'avoir aucune rémunération OU demander une disponibilité (ce qui équivaut à mettre mon boulot en attente le temps d'en trouver un autre) et n'avoir aucune rémunération ni aucun droit que ce soit au chomage ou au RSA. J'ai donc choisi l'option numéro deux. Bilan: un RSA pour deux. Jusque là, on s'en sort pas si mal grace aux économies. Mais les économies ne sont pas éternelles...
Je me doutais que trouver un emploi dans le social allait être compliqué. Je guette les offres depuis maintenant bientôt un an, je postule, j'envoi des candidatures spontanées...en vain. Mais j'avoue que je pensais réussir à trouver un "petit boulot" un peu plus facilement. J'ai fait le tour des associations d'aide à domicile, des supermarchés...et jusque là pas de nouvelles. C'est un peu difficile de se dire que finalement l'avenir n'est pas forcément entre mes mains. Que je ne peux malheureusement rien faire de plus qu'attendre...attendre un coup de fil, une offre, une réponse positive.
Ca, c'était pour la partie "on n'a pas de thune". Passons donc à la partie "mais l'espoir". Eh bien oui, car sans espoir nous n'irions pas bien loin. Je me dis qu'on a un mode de vie qui nous convient, des voisins adorables, un environnement magnifique, le congel plein de porc et bientôt d'agneau, des poules qui pondent plus de 12 oeufs par jour en ce moment, un loyer très bas...le bilan est plutôt positif! Et puis on a des projets plein la tête, alors je me dis qu'ils se concrétiseront bien un jour.
Du coup, je m'occupe. Je ne supporte pas de passer une seule journée sans sortir de la maison. En ce moment, je jardine à fond. Le petit jardin avance...
Les salades, les oignons et les radis poussent, les pois et les fèves commencent doucement à pointer le bout de leur feuilles, et les carottes font encore leurs rebelles. J'ai ajouté d'autres radis et des lentilles.
Et Kev a fait un petit coin "aromatiques":
Je me charge aussi de préparer les semis pour les légumes qu'on ne peut pas semer tout de suite au jardin parce qu'il fait trop froid. Pour ça, on a des petits bacs à semis avec des mini serres chauffantes. Puis, une fois que ça a bien commencé à pousser, je repique dans des petits pots individuels. Il y a deux semaines j'avais semé des pieds de tomates, mais ils ont été emportés par le vent...Il ne me reste donc que des choux fleurs, quelques rares tomates chanceuses, des salades (encore, mais d'autres variétés), de la roquette, des poivrons et piments, du celeri rave, du physalis, de l'amaranthe...et des artichauts:
Je me balade aussi dans les environs et je vais voir si les chevaux de notre voisin se portent bien:
Et quand on a la chance d'avoir une journée ensoleillée (plutôt la semaine dernière, cette semaine la pluie est au rendez-vous pour le plus grand bonheur du blé et du jardin!), je vais faire ma belle dans la montagne avec les lunettes de soleil offertes par mes gentils collègues:
Et pour finir je m'occupe aussi de mes quatre nouveaux coloc' à poils:
Construction de leur cabane:
MOON
LEIA
MILKA
TRUFFINETTE (alias oreille cassée!)